Pourquoi les ressemblances sont-elles si importantes à nos yeux ?
La maison des Maternelles- 3 min
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Eve Piorowicz est psychologue clinicienne et auteure du livre Bébé dis-moi tout ! aux éditions Leduc. Elle nous éclaire aujourd’hui sur l’importance psychologique qu’ont les ressemblances dans une famille.
La non-ressemblance : une frustration
Il est tout à fait normal de se sentir frustré si notre enfant paraît ne pas nous ressembler. Notamment pour une mère : après avoir accouché, elle est dans un bain fusionnel avec son bébé et la non-ressemblance peut-être difficile à concevoir au début. Notre spécialiste nous explique ce ressenti :
« La différenciation avec son tout-petit se fait par étapes, c’est un processus, et quand on nous signifie que l’on n'a rien à voir avec cet enfant que l’on vient de mettre au monde, ce n’est pas agréable. La capacité que l’on a à s’identifier à son enfant est primordiale, surtout dans les premiers temps de la vie. Plus on se projette en lui, plus il va y avoir une connexion, plus on va pouvoir s’ajuster à ses premiers besoins. »
La ressemblance : sentiment d’appartenance
La notion d’appartenance, de lignée familiale, est importante pour beaucoup de parents. Cela joue dans la volonté que l’on a de voir nos enfants nous ressembler. On a besoin de transmettre, de voir des traits perdurer de génération en génération et de contribuer à la formation d’une sorte de roman familial :
« Il peut y avoir tout un tas de fantasmes derrière cette idée de ressemblance. Ce qui est certain c’est que chacun voit ce qu’il veut en terme de ressemblance. L’enfant doit ressembler à quelqu’un, à une grand-mère, à une tante. Et puis si ce n’est pas physique, c’est dans le tempérament. Finalement, parler des ressemblances c’est parler de soi. »
Est-ce un besoin pour l’enfant ?
Comme nous l’avons vu, il est important pour beaucoup de parents de se reconnaître dans leurs enfants. Mais ces derniers ont eux aussi besoin de s’identifier aux personnes qui les entourent pour pouvoir s’en détacher par la suite et créer leur propre identité. C’est pourquoi, par exemple, beaucoup d’enfants adoptés ont besoin de connaître leurs origines :
« L’enfant a forcément besoin d’un port d’attache, d’un berceau culturel, pour s’en affranchir par la suite. On connaît d’ailleurs la détresse des enfants nés sous X qui ont besoin de savoir s’ils ressemblent à leurs parents biologiques. On ne peut pas partir de nulle part. »
La ressemblance, un mimétisme
Comme la génétique n’est pas seul facteur des ressemblances, il arrive fréquemment que des enfants adoptés ou issus de processus de fécondation n’impliquant pas forcément les deux parents, ressemblent tout de même à ceux-ci. Eve Piorowicz nous explique pourquoi :
« Un enfant n’existe pas en dehors de son environnement, il s’imprègne des expressions de ses parents, de leur façon d’être. Je suis souvent extrêmement touchée quand je rencontre certains parents qui ont adopté et qui me parlent de leur enfant en disant qu’il fonctionne comme eux. On voit bien qu’on dépasse largement la question de la génétique. On finit par se ressembler dans une famille : c’est souvent le cas des couples après vingt ans de vie commune. »
N’oublions donc pas cette part très importante qui n’est pas due à la génétique. On appartient aussi à une famille par une éducation, des valeurs communes. Un sentiment d’appartenance, cela se crée aussi.