Abus sexuels : comment en parler aux enfants ?

La maison des Maternelles

Jocelyne Robert est sexologue et auteure du livre Te laisse pas faire !qui donne des clés aux parents pour expliquer les agressions et abus sexuels à leurs enfants.  Un sujet de moins en moins tabou ?  Malgré une importante libération de la parole des victimes d’agressions et d’abus sexuels, le sujet reste délicat à aborder avec les enfants. Un constat qui a convaincu Jocelyne Robert d’actualiser son livre déjà publié il y a vingt ans. Si l’on parle plus de sexualité de façon générale, beaucoup de parents ont encore du mal à évoquer le sujet des violences sexuels. Jocelyne Robert explique : « Si le sujet avait été vraiment moins tabou, je n’aurais pas repris ce livre. Le besoin est encore là, encore immense. Même s’il y a des choses qui ont changé bien sûr. » Comment en parler ?  Chaque parent veut protéger et informer son enfant, mais sans lui faire peur pour autant. Alors, comment trouver l’équilibre ? Jocelyne Robert nous livre ses conseils. Parler d’abord de sexualité ! Les abus sexuels ne doivent pas être le premier sujet lié à la sexualité que l’on évoque avec les petits. L’éducation sexuelle ne doit pas faire peur. La sexologue insiste sur l’importance d’expliquer d’abord la beauté de la sexualité : « Conduisons nous simplement, comme on le fait pour n’importe quel autre domaine. On parle des beautés de la forêt, du plaisir à y aller, puis ensuite on dira qu’il y a aussi des dangers. La meilleure prévention c’est une éducation sexuelle limpide. » L’importance d’un milieu familial où l’on peut parler de sexualité : plus les enfants sont familiarisés avec un sujet, moins ils ont de difficultés à en parler. Pour cela il est très important qu’ils y aient été familiarisé avec les bons mots. Il ne faut pas créer de gêne avec les termes désignant les parties génitales de l’enfant. C’est surtout l’attitude des adultes et leur approche du sujet qui définit si les enfants seront à l’aise pour en parler : « Il faut que les enfants connaissent les vrais termes. Si un enfant est agressé sexuellement et qu’il se retrouve devant un juge, il doit avoir les mots pour nommer ce qu’il a subi. »  Profiter des occasions offertes par les découvertes de l’enfant. Entre deux et trois ans, l’enfant découvre son corps, avec la masturbation notamment. Il peut aussi arriver qu’il soit curieux de celui des autres et que ses parents le surprennent à « jouer au docteur ». Ce sont ces moments-là, selon Jocelyne Robert, qui offrent aux parents des occasions d’aborder avec leur enfant de façon simple les questions de sexualité : « Les enfants passent à peu près tous par une période où ils découvrent leur corps, se comparent et se regardent. Ils sont fascinés par la différence des sexes. Cela peut être un bon moment pour dire « c’est normal que vous soyez curieux, mais attention, cela ne doit jamais se produire avec un grand, et pas même un grand de la famille. »  Plutôt que d’avoir une discussion sérieuse et solennelle avec votre enfant, il sera sûrement préférable d’aborder ces questions avec lui lors d’histoires, dans les gestes ou les situations du quotidien.  La sexologue nous rappelle enfin que les enfants apprennent bien mieux de façon ludique plutôt que lorsque l’on présente les choses avec inquiétude. La clarté et la détente restent dans tous les cas les meilleurs atouts pour une communication bénéfique avec les petits.    A noter: Le 119 est le numéro du Service National d'Accueil Téléphonique de l'Enfance en Danger (SNATED) appel anonyme et gratuit 24/24 7j/7.