Mon enfant a un ami imaginaire
La maison des Maternelles- 1 min 14 s
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Il y a deux ans, Vanessa emmène son fils, Germain, voir un spectacle de chevaux dans un cirque. Au moment de reprendre la voiture, son fils d’un an et demi se met à pleurer. La maman inquiète ne comprend pas ce qu’il se passe. Son fils lui explique alors qu’ils ont oublié « Tit poney ». Le premier ami imaginaire de Germain vient d’apparaître dans sa vie. Il va ensuite se promener, la main légèrement tendue, comme s’il tenait son nouveau copain. Après l’arrivée de « Tit poney », la famille va s’agrandir en accueillant ensuite « Tit piou », « Tit poisson » ou encore, « Tite tototte ».
Quand apparaît l’ami imaginaire
L’ami imaginaire peut commencer à apparaître vers 2-3 ans. Emmanuelle Rigon, psychologue clinicienne, auteure du livre Les enfants hypersensibles chez Albin Michel, nous indique :
« On va alors considérer que c’est plutôt banal, jusqu’aux 6 ans de l’enfant. Durant cette période, l’enfant se construit, et la frontière entre le réel et l’imaginaire peut devenir floue. »
Quelle forme peut-il prendre ?
Chez Germain, l’ami imaginaire est un petit animal qu’il a déjà vu ou un personnage de dessin animé. Mais ce copain peut prendre des formes très différentes, comme l'explique la psychologue :
« Pour certains c’est le prolongement de l’objet transitionnel, le doudou. Quand ils sont petits, cet ami est souvent un animal et quand ils grandissent, l’ami prend la forme d’un vrai enfant. »
Son rôle
L’ami imaginaire est une stratégie qui va l’aider à supporter les changements et les transformations. Emmanuelle Rigon explique :
« Il peut avoir des qualités que l’enfant idéalise. Il peut prendre la forme d’un ami tout-puissant, qui permet ainsi à l’enfant d’accepter ses limites tout en étant rassuré par la présence de cet ami. »
Et durant cette période, l’enfant est en plein complexe d’œdipe, donc il ressent beaucoup de culpabilité par rapport à ses sentiments. L’ami imaginaire lui sert alors à se décharger. Il prend la responsabilité des bêtises ou des craintes de l’enfant : « Ce n’est pas moi, c’est lui ! ».
Un messager auprès des parents
Pour notre spécialiste, l'ami imaginaire joue le rôle de messager entre l'enfant et les parents :
« Ce que l’ami imaginaire veut ou pense, cela fait parfois partie de ce que l’enfant veut ou pense. Un exemple : "Les parents d’Arthur ont été super sévères, ils l’ont mis dans un placard" pour dire entre les lignes : "est-ce que vous pourriez être sévères à ce point-là vous ?". C’est parfois un peu comme les rêves, on met en scène un fantasme inconscient. Ça peut être l’occasion de lui dire "ils sont vachement sévères les parents d’Arthur, nous, nous ne ferions jamais ça". Mais les messages sont souvent moins clairs. »
Faut-il jouer le jeu ?
Chacun fait comme il le sent. Des parents imaginatifs peuvent ainsi se prendre au jeu et permettre à l’ami imaginaire de se faire une place dans la famille. Il faut toutefois qu’il ne devienne pas trop encombrant. L’enfant ne doit pas exiger par exemple que son copain ait une assiette à table, un siège en plus dans la voiture, ou justifier ses colères et caprices par l’existence de l’autre.
Quand faut-il s’inquiéter ?
« C’est un peu comme pour le doudou : il y a des enfants qui vont très bien et qui ont un doudou, et inversement ».
Selon Emmanuelle Rigon, la situation peut devenir un peu plus compliquée :
- Si l’ami imaginaire devient envahissant. L’enfant ne parle plus de lui en son nom, ne prend jamais position : « Il faut que je demande à Arthur s’il a envie de jouer au foot ou d’aller à la piscine ». Ça peut signifier un peu d’angoisse par rapport à la confrontation avec la réalité.
- Quand l’enfant est vraiment persuadé que l’ami existe, qu’il lui parle en société, à la récréation (et pas aux autres enfants) et de manière répétée.
- Dernier cas embêtant : si l’ami devient menaçant, effrayant. Il faut se pencher sur la question et éventuellement consulter un psychologue ou un pédopsychiatre.