Éducation : et si on laissait parler les filles ?
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« Les garçons font plus de métiers que les filles, parce que les garçons croient que c’est fait que pour les garçons et les filles croient que c’est fait que pour les garçons. » explique Sofia, 8 ans, élève à l’école Léo Lagrange à Toulouse.
Comme beaucoup de ses camarades, l’écolière est quotidiennement confrontée à des clichés de sexe et de genre. A l’école, dans la rue, mais aussi à la maison, comme elle l’explique dans le reportage de Mathieu Habasque : « C’est les mamans qui font le plus le ménage, mais moi je ne suis pas totalement d’accord parce que les hommes aussi ils peuvent faire ça. »
Alors pour lutter contre ces stéréotypes Sophie Collard, sociologue a eu une idée originale. Elle propose aux élèves de CE2 et de CM1 de l’école Léo Lagrange de revisiter les stéréotypes. Pour cela, direction le centre ville de Toulouse. Armés d’une feuille et d’un stylo, les enfants ont une mission : répertorier le nombre de femme et d’homme qu’ils croisent et indiquer à quel endroit ces derniers se trouvent. Le bilan est sans appel quand la sociologue leur demande où ils ont vu le plus de dames : « Au coiffeur et dans les supermarchés ! »
Un constat qui pourrait paraître banal mais qui, au contraire, peut avoir une importance décisive dans la construction future des écolières.
« C’est à cet âge là que l’on acquiert énormément de stéréotypes et de préjugés de sexe. Et donc le fait de les rendre visible, de les déconstruire avec les élèves et de développer leur esprit critique, c’est important pour leur permettre après d’ouvrir leur champs des possibles dans leur orientation scolaire, justifie Sophie Collard. Et de leur montrer qu’il y a une diversité de choix de métiers plus importante que ce que l’on a aujourd’hui. »
Mais ces initiatives sont encore trop rares et les différences de traitement entre les filles et les garçons persistent, dès les bancs de l’école. En 2017, le Haut Conseil à l’égalité a ainsi rendu un rapport assez défavorable sur l’égalité des sexes face à la formation. Il a pointé, par exemple, que les professeurs interagissent, en moyenne, plus fréquemment avec les garçons (56%) qu’avec les filles (44%) ou que la présence de la femme, dans les manuels de CP représentent 40%. Presque la moitié… Oui mais ce sont, pour 70%, exclusivement des personnages qui font la cuisine et le ménage.
Même problème concernant l’orientation comme le rappelle Raphaëlle Remy-Leleu, porte-parole d’Osez le féminisme :
« On va valoriser plus les garçons dans les matières scientifiques même à un niveau plus bas que les filles. Et vraiment cette conception très essentialiste que la fille est forcément une bonne élève calme, alors que le garçon dès qu’il arrive à faire quelque chose ce n’est pas qu’il a travaillé mais c’est qu’il est intelligent par nature. »
Le HCE a donc recommandé de renforcer la formation des personnels de l ‘éducation sur l’égalité entre filles et garçons et de développer un guide pratique pour les accompagner.
C’est pour toutes ces raisons que beaucoup poussent aujourd’hui à développer l’éducation à l’égalité, voire, au féminisme. L’idée n’est pas de former des mini-militants mais de mettre en pratique le principe de l’Empowerment, des petites filles, c’est à dire de développer leur confiance en elles. Et cela passe, évidemment par l’école, mais aussi par les parents.
« L’important ce n’est surtout pas de culpabiliser les mères et les parents en leur disant « c’est à vous de rééquilibrer l’ensemble des mécanismes sexistes qui existent dans le monde. », rappelle Raphaëlle Remy-Leleu, auteure de Beyoncé est-elle féministe aux éditions First. On veut le meilleur pour nos enfants mais malheureusement cette éducation qui est différenciée entre les garçons et les filles, nuit aux petites filles parce qu’on les incite à rester plus calme, plus en retrait. »
Alors quand une petite fille est turbulente, parle fort, coupe la parole, joue au foot, elle est vite considérée comme un « garçon manqué ». Un terme à proscrire tout de suite du langage, tout comme celui de « femmelette » qui serait utilisé pour désigner un petit garçon plus doux, qui n’aime pas le sport ou préfère la danse. La porte-parole d’Osez le féminisme prône également de stopper les achats genrés de jouets pour les enfants :
« Dans les magasins on trouve des jeux mignons et roses et pour les garçons on va avoir des jeux soit guerriers, soit violents, mais aussi des jeux plus réflexifs qui invitent à aller vers l’extérieur. Et quand vous allez dans un magasin de jouets, la première question que l’on vous pose c’est « Fille ou garçon ». C’est pour cela que l’on a une pétition Marre du rose, pour arrêter de séparer l’imaginaire des enfants. »
Et celle dont la voix résonne le plus actuellement c’est Michelle Obama. L’ancienne First lady a sorti, en novembre 2018, son autobiographie Devenir aux éditions Fayards. Depuis, elle profite de sa tournée de promotion pour également mettre en place des conférences lors desquelles elle défend la parité entre les filles et garçons, et cela, dès les débuts de l’éducation. Le 3 décembre 2018, sur la scène du Royal Festival Hall à Londres, elle a ainsi lancé un appel à tous les parents pour qu’ils laissent parler les petites filles :
« L’une des choses que mes parents croyaient, était que mon avis était pertinent et que mes opinions avaient du sens, et ma colère et ma frustration étaient réelles. Et c’est quelque chose dont les parents de tous les milieux sociaux-économiques devraient se rendre compte. »
Ces pistes de réflexion et d’éducation pourraient permettre de casser les stéréotypes existants et éviter de cantonner chaque enfant à son sexe. Car comme l’affirme Allya, 9 ans :
« C’est pas que coiffeuse pour les filles et pompier, policier ou footballeur que pour les garçons. Il n’y a pas de différence, tous les métiers sont pour les filles et les garçons. »