Violée à 15 ans, je suis sortie du silence
La maison des Maternelles- 11 min 44 s
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Le parcours d’une championne
Sarah Abitbol naît à Nantes. Elle découvre le patinage artistique lors d’une initiation organisée par son école, elle n’a que 5 ans. Très à l’aise sur la glace, elle va continuer le patin et vite remporter des compétitions. Alors qu’elle n’a que 11 ans, un grand club parisien de patinage artistique vient à Nantes pour découvrir de nouveau talent. C’est le début d’une nouvelle vie :
« Mes parents vont demander à l’entraîneur, Monsieur O, si ça vaut le coup de venir à Paris pour évoluer dans le monde du patinage artistique. Il répond que oui. À 12 ans je suis prise dans l’école des enfants du spectacle et mes parents décident alors de quitter Nantes pour Paris. »
Une adolescence brisée
Sarah dédie sa vie au patinage qu’elle pratique intensément. L’été de ses 15 ans, elle part pour la troisième année consécutive en stage à la Roche-sur-Yon, pour 7 semaines. C’est cet été là que sa vie bascule :
« On dormait dans des box ouverts et une nuit, mon entraineur s’assoit sur mon lit, une lampe de poche braquée sur mon visage et me dit : « Tu ne trouves pas bizarre que je sois là, assis sur ton lit ? » Il m’embrasse et passe sa main sous ma chemise de nuit. L’impensable est arrivé cette nuit-là. Quand je me suis réveillée, je me suis demandée si quelqu’un avait vu ou entendu quelque chose. Je me sentais mal, je me demandais si c’était un cauchemar, si ça allait se reproduire de nouveau. »
Ces viols, l’entraîneur va les perpétuer pendant deux ans. Sarah, elle, se mure alors dans le silence, honteuse.
Briser le silence
Pendant 12 ans, Sarah enfouit ces atrocités au plus profond d’elle, jusqu’à un soir de 2004 :
« J’ai commencé à avoir des flashs, je ne me sentais pas bien. J’ai rencontré un homme dont je suis tombée amoureuse, et un soir, il me dit :« Il s’est passé quelque chose de grave dans ton enfance, je le sens. Il faut que ça sorte. » Et là je revois mon entraineur assis sur mon lit puis d’autres souvenirs horribles ressurgissent et je me mets à vomir. »
Sarah va ensuite en parler à sa famille, mais il faudra attendre plusieurs années avant qu’elle puisse en parler ouvertement. Maman d’une petite fille de 10 ans, elle lui en a aussi parlé il y a peu de temps :
« Je n’ai trouvé la force de lui dire que dernièrement. J’ai expliqué avec des mots simples, des mots d’enfants, je ne suis pas rentrée dans les détails, elle a compris ce qu’elle voulait comprendre. »
La reconstruction de Sarah Abitbol est aussi passé par l’écriture d’un livre témoignage : « Un si long silence » publié aux éditions Harper Collins. Un ouvrage qui tente de briser l’omerta qui existe dans le monde du sport, plus particulièrement dans le patinage artistique. D’autres femmes ont depuis témoigné des agressions sexuelles dont elles ont été victimes par cet entraîneur. Aujourd’hui, Sarah Abitbol continue son combat en développant la prévention :
« Je travaille à la création d’une association : « La voix de Sarah » en coopération avec l’association « La voix de l’enfant » Il s’agit de faire de la prévention. Si quelque chose se passe, il faut en parler. En parlant, on sauve notre propre vie et on est enfin heureux. »