Je suis très haut potentiel et hypersensible
La maison des Maternelles- 12 min 2 s
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L’ennui dès la maternelle
En France, 200 000 enfants, soit 1 à 2 élèves par classe, seraient à haut potentiel. Avoir un QI exceptionnellement élevé semblerait un avantage pour la scolarité, mais pour Alban, comme pour beaucoup d’enfants surdoués, l’école ressemble davantage à une perte de temps :
« Dès la maternelle, je m'ennuyais à mourir. On nous faisait faire des dessins. Pire, on nous obligeait à faire la sieste. C’était un calvaire pour moi. Je ne trouvais pas, à l’école, les sollicitations intellectuelles dont j'avais besoin. Il me fallait toujours avoir du carburant, des choses à apprendre, des choses à comprendre, que ça aille vite. »
Une maîtresse réalise que le petit garçon sait déjà lire et écrire -depuis ses 4 ans et en ayant appris seul- et fait tester son QI à l’arrivée en CP, alors qu’il a 5 ans. On découvre alors qu’Alban est surdoué. Mais cela ne l’aide pas à s’intégrer :
« La réaction du directeur de l’école a été de dire : « On en n’a qu’un comme ça, on ne peut rien faire pour lui, il faut qu’il trouve un établissement spécialisé » Le seul établissement à l’époque était le lycée Michelet à Nice qu’on appelait « La fabrique des petits génies » mais c’était géographiquement et financièrement inabordable. Mon école n’avait rien à me proposer. Ils étaient contents d’avoir su identifier, mais pour autant, ça me rejetait encore plus. »
Alban saute une classe, mais son mal-être continue malgré tout de grandir à l’école. Les parents décident de lui donner l’instruction à domicile : une libération pour le jeune homme, qui peut gérer lui-même ses apprentissages, au rythme qui lui convient.
Victime de harcèlement scolaire
Pour son entrée en 6ème, à 9 ans ½, on lui impose d’intégrer un établissement scolaire. Un cauchemar pour le jeune garçon :
« J’ai été vraiment victime d’harcèlement scolaire et de violence dans cette classe de 6ème. Mais rien que l’arrivée, les éclairages au néon, les bruits dans la cour de récréation, les sifflets, les professeurs qui nous criaient dessus -jamais un adulte ne m’avait crié dessus, en plus mes parents ne criaient pas- tout ça pour moi c’était déjà hyper violent.»
Alban se sent incompris par ses camarades de classe et par les adultes qui l’entourent. Plus il grandit, plus sa différence semble déranger. Sa sensibilité en fait une cible privilégiée et il subit les brimades des autres élèves :
« Je trouvais beaucoup refuge dans les livres et la musique. Ce que je voulais, c’était être adulte. Je me disais qu’il y avait un monde d’adulte, beaucoup plus calme, sans toute cette violence. J’avais hâte d’être adulte. Mais physiquement, tout ce que je vivais comme harcèlement avait provoqué des blocages : je me tenais voûté, je n’osais plus vraiment respirer. »
Accepter sa différence
En terminale, 2 semaines avant ses 16 ans, sans même passer le bac, le lycéen, en plein burn-out, quitte le système scolaire. Il a le sentiment que son cerveau va exploser :
« Je n’envisageais les choses qu’au niveau cérébral. Donc pour des questions assez idiotes, de comment je paraissais aux autres comme ci ou comme ça, j’allais chercher un moyen dans mon cerveau de trouver une façon de faire pour changer. Je faisais tout le temps carburer. Ma tête était en surchauffe totale. Je ne pouvais plus lire, ni entendre de discours. Il n’y avait que l’artistique -la musique, les oeuvres- que je pouvais recevoir. »
L’intégration dans la société reste difficile pour Alban, qui se sent toujours en décalage avec le monde qui l’entoure. C’est un déménagement qui va finalement aider le jeune homme :
« Ma mère a été mutée et nous sommes allés vivre à la montagne. J’avais toujours vécu en ville, en banlieue. Le fait de me retrouver dans cet environnement calme m’a beaucoup aidé à faire le vide. J’ai eu une croissance extraordinaire, d’un seul coup. »
C'est à 30 ans, en rencontrant une autre personne haut potentiel, comme lui, qu’Alban arrive enfin à accepter sa différence et décide d’en faire une force :
« J’ai réalisé que je n’étais le seul. Cette personne m’a conseillé des livres sur le sujet. Je me suis informé. J’ai compris que mon hypersensibilité était une caractéristique des personnes surdouées. Cette découverte est une révélation vertigineuse. Ça a créé chez moi une série de déclics. J’ai fini par comprendre que je ne devais pas avoir peur de cette spécificité, que je pouvais faire avec. Moi qui m’étais toujours retrouvé étranger au monde, blessé, déstabilisé par celui-ci, je comprenais que je pouvais au lieu de subir ou de m’y opposer, je pouvais agir dessus pour l’influencer. J’ai créé une association « Surdouessence » pour mettre en relation des personnes haut potentiels sensibles, j’ai fait des conférences, écrit des livres pour partager mon expérience. »
Retrouver le parcours d’Alban dans son livre « Itinéraire d’un haut potentiel sensible » paru chez Leduc.