Moi, Issa, migrant à 17 ans
La maison des Maternelles- 13 min 53 s
- extrait
- tous publics
Du même programme
- La maison des Maternelles La maison des Maternelles La maison des Maternelles à votre service diffusé le 21/11 | 33 min
- La maison des Maternelles La maison des Maternelles Émission du jeudi 21 novembre 2024 diffusé le 21/11 | 22 min
- La maison des Maternelles La maison des Maternelles La maison des Maternelles à votre service diffusé le 20/11 | 33 min
- La maison des Maternelles La maison des Maternelles Émission du mercredi 20 novembre 2024 diffusé le 20/11 | 22 min
Un long périple jusqu’en Libye
Environ 16 000 mineurs isolés étrangers arrivent en France chaque année. Des jeunes qui souvent doivent prendre de nombreux risques pour atteindre leur but. Issa est parti du Mali à 17 ans. Son but était de poursuivre des études pour ensuite travailler :
« Je ne voulais pas rester au village car c’était dire adieu aux études. Je serai allé aux champs, je me serai marié puis je me serai occupé de la famille. Moi mon but, c’était d’avoir un diplôme et travailler dans les technologies. Je visais la France car il y a plus de moyens pour y faire des études. »
Mars 2015, Issa commence son périple. Première étape : passer la frontière entre le Mali et le Burkina Faso. À chaque passage de douanes, Issa craint non seulement les violences mais aussi d’être renvoyé chez lui :
« Il s’est passé des choses que je ne pensais pas voir à mon âge, je ne pensais même pas qu’il puisse se passer des choses comme ça dans le monde. Aux contrôles aux frontières, j’ai vu une femme avec ses enfants qui n’avait pas assez d’argent pour passer : il y a eu du chantage, elle a dû faire des actes sexuels pour continuer son chemin. »
Issa traverse ensuite le désert du Niger pour rejoindre la Libye. Une traversée encore très dangereuse :
« Pour traverser ce désert, il faut forcément un passeur. Il fallait le payer. Il nous a mis dans une voiture, mais le chauffeur nous redemandait de l’argent à chaque douane passée. Ce ne sont d’ailleurs pas forcément des vraies douanes, mais des gens habillés comme des douaniers, qui nous réclament de l’argent. Ensuite, un soir, le chauffeur nous a laissé chez une vielle dame au beau milieu du désert et il a dit de nous attendre 1h, mais il n’est pas revenu pendant 4 jours. On avait perdu espoir, on pensait qu’on allait mourir ici. »
Issa traverse la Libye caché à l’arrière d’une voiture, il doit s’enterrer la nuit dans le sable pour combattre le froid, dans un pays en pleine guerre civile. Il arrive par miracle sain et sauf à Tripoli et doit travailler quelques mois sur des chantiers pour pouvoir payer un nouveau passeur qui lui assurera une place dans un zodiac pour traverser la Méditerranée. N’ayant ni papier ni logement, il dort sur le chantier. Issa y est agressé :
« Une nuit, un groupe de jeunes nous a attaqués dans notre sommeil à coups de bâton. En Libye, les noirs ne sont pas considérés comme des êtres humains. »
La traversée en Zodiac
Issa embarque sur un zodiac direction les côtes italiennes, en pleine nuit. Ils sont 105 sur le bateau, sans gilet de sauvetage. Pendant le trajet, la coque du zodiac est endommagée puis tombe en panne d’essence. Le capitaine appelle alors le seul numéro de téléphone enregistré dans le portable que le passeur lui a confié. La croix rouge italienne vient secourir Issa et ses compagnons de route. Issa passe ensuite de la Sicile à Turin, mais son objectif reste Paris. Il prend un train jusqu’à Nice, puis pour Paris :
« Je suis sorti de la gare, et j’ai demandé à des gens s’ils connaissaient des endroits où je pouvais dormir. Une femme a compris et m’a indiqué une association d’aide aux migrants. J’ai passé ma première nuit dans une tente, avec un petit lit. Après tout ce que je venais de vivre : les galères du désert, l’enfer de la Libye, la traversée en zodiac… C’était comme si j’étais dans un hôtel 5 étoiles ! Je me sentais en sécurité. »
Une prise en charge par l’ASE
Quelques semaines plus tard, le camp où est installé Issa est démantelé. Mineur, il est pris en charge par l’Aide Sociale à l’Enfance, hébergé dans un foyer et scolarisé dans un lycée technique du 11e arrondissement de Paris :
« J’ai passé mes 3 meilleures années au lycée. Le personnel était super gentil avec nous. J’ai rencontré mes meilleurs potes là-bas. J’ai passé mon bac. Ça a été mon intégration, ça m’a permis d’avoir des opportunités ! »
Le bac en poche, Issa a continué ses études avec un DUT informatique et aujourd’hui âgé de 23 ans il cherche du travail. Alors si vous recrutez dans le domaine du marketing digital ou celui de la blockchain, et que vous souhaitez qu’on vous mette en relation avec Issa, envoyez un mail à lmdm@2p2l.com !