Ma femme a accouché dans le coma
La maison des Maternelles- 11 min 25 s
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Une grossesse sous le signe de l’angoisse
Dès le départ, c’est une grossesse très angoissante pour Aurore et Pierre car elle survient seulement 2 mois après la perte d’un premier bébé suite à une interruption médicale de grossesse. Malgré ce traumatisme, la peur de perdre à nouveau leur bébé et l’inquiétude liée à la pandémie mondiale du Covid, le couple fini par se rassurer et se projeter dans leur futur rôle de parents, raconte Pierre :
« Vers le 5ème mois de grossesse, les échographies étaient bonnes et la psychologue nous a dit qu’il était temps de se projeter. On a commencé à commander la poussette, les lits…»
C’est alors qu’Aurore ressent des premiers symptômes : un peu de fièvre et un mauvais pressentiment. Loin d’imaginer qu’elle a attrapé le Covid, elle se rend tout de même à la maternité :
« On est allés aux urgences. Il y avait une menace d’accouchement prématuré. L’équipe médicale a fait passer à Aurore un test Covid : il s’est révelé positif. J’en ai aussi passé un : positif. Je me suis dit que j’étais responsable, que j’avais contaminé sa femme. Je suis prof au lycée, donc je vois beaucoup de gens, malgré toute la prudence que je pouvais avoir, ça n’a pas suffi. J’ai énormément culpabilisé. »
Si dans la grande majorité des cas les symptômes restent bénins chez la femme enceinte, le risque de développer une forme grave est néanmoins plus important au 3ème trimestre de la grossesse. C’est le cas malheureusement pour Aurore, dont l’état se dégrade rapidement :
« Aurore avait de plus en plus de mal à respirer. Elle avait besoin d’oxygène de façon importante, elle avait besoin d’une ventilation très puissante pour respirer. Elle s’est battue comme une lionne contre ce virus. Elle a tenu au maximum, elle voulait garder les enfants au chaud autant que possible, quitte à hurler de douleur. Si les filles naissaient à ce terme -début du 6ème mois de grossesse- on savait que ce serait compliqué. »
Une naissance hors du commun
Les médecins du service de réanimation sont inquiets de l’état d’Aurore et expliquent à Pierre que leur priorité reste la mère. Cependant, le couple peut compter sur la mobilisation des équipes de la maternité :
« J’ai appris, plus tard, que les équipes de la maternité se préparaient pour mettre toutes les chances de notre côté. Aurore était hospitalisée dans un hôpital qui se situe juste derrière la maternité. Entre les deux établissements, il y a un souterrain que les équipes ont emprunté plusieurs fois en se chronométrant pour être sûr de pouvoir assurer si Aurore devait accoucher en réanimation. »
Une semaine après son arrivée à l’hôpital, l’état d’Aurore se dégrade. Elle est finalement plongée dans le coma et les médecins décident de déclencher l’accouchement :
« L’obstétricienne a eu la gentillesse d’attendre que je refasse un test Covid parce que je voulais voir l’arrivée de mes filles. J’ai pleuré quand j’ai vu que mon test était négatif et j’ai foncé à la maternité. Je n’ai pas pu rentrer dans la salle d’accouchement mais tout de suite après leur naissance, j’étais avec mes filles. »
Tiraillé entre deux services de réanimation
Pierre accueille, seul, ses deux filles, Faustine et Céleste, nées prématurément à 5 mois ½ de grossesse (25 semaines d’aménorrhées et 5 jours) :
« C’était irréel. J’étais complètement perdu et sous le choc. J’avais 2 angoisses : qu’Aurore ne survive pas et que je me retrouve seul avec mes deux enfant, ce qui aurait été l’apocalypse. Ou que les filles ne tiennent pas le coup, qu’Aurore n’ait même pas l’occasion de les voir… Elle ne s’en serait jamais remise. »
Tiraillé entre deux services de réanimation, un dans lequel Aurore continue de se battre contre la Covid et l’autre dans lequel les petites jumelles s’accrochent à la vie, Pierre se souvient :
« Je faisais des allers-retours entre les deux services. 48 heures après l’accouchement, Aurore est sortie du coma, je lui ai raconté la naissance de Faustine et Céleste, montré des photos… Pour qu’elle puisse tisser un lien avec ses filles, je lui ai proposé de tirer son lait. Alors qu’elle était à peine sortie du coma, encore intubée, elle m’a fait un signe d’approbation de la tête. »
6 jours plus tard, Aurore peut enfin voir Faustine et Céleste pour la première fois, un moment très émouvant, comme se souvient Pierre :
« Aurore a été transférée vers les services de maternité, où les médecins s’étaient engagés à la suivre. Elle était encore faible. Elle était très fatiguée, elle est arrivée en fauteuil roulant avec les bouteilles d’oxygène. Mais le lien s’est fait tout de suite. Les filles ont réagi, à sa voix, peut-être à son odeur. C’était évident. »
3 semaines plus tard, Aurore a pu sortir de l’hôpital. Pour Faustine et Céleste, les médecins estimaient leur sortie le jour du terme théorique, soit 4 mois ½ après leur naissance mais c’était sans compter leur combativité :
« On voyait qu’elles se développaient bien mais le jour où on nous a dit que c’était fini et où la puéricultrice a éteint les scopes, on a pleuré de bonheur. Elles avaient gagné la guerre et elles avaient contredit tous les pronostics des pédiatres en restant hospitalisées moins de trois mois. Aujourd’hui, je mesure notre chance. La chance d’avoir épousé une vraie battante et d’avoir 2 merveilleuses petites filles aussi fortes que leur mère. »