Elles regrettent d’être mères
La maison des Maternelles- 5 min 15 s
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Le tabou est immense dans nos sociétés : certaines femmes regrettent d’être devenues mères. C’est le sujet du livre de Stéphanie Thomas, « Mal de mères : 10 femmes racontent le regret d’être mère » paru aux éditions JC Lattès. Le point de départ pour l’écriture de ce livre est une étude d’Orna Donath, publiée en 2015, sur ces femmes qui regrettent leur choix d’être devenues mères, traduite en français et parue en 2019 aux éditions Odile Jacob sous le titre « Le regret d’être mère ». Stéphanie Thomas raconte :
« Orna Donath est sociologue, elle a interrogé 23 femmes en Israël, de tout âge, qui regrettaient d’être mères. Quand j’ai lu cela, j’ai voulu en savoir plus. Finalement, je me suis demandée si ma propre grand-mère n’avait pas regretté. Ça remet plein de choses en question dans la maternité, dans la famille. La grande trouille de chacun, c’est de se dire : « Et si ça avait été moi, cet enfant qu’on regrette ? » C’est pour ça qu’on ne peut pas en parler, de ce regret de maternité, c’est très difficile à entendre. On a tous peur d’être cet enfant là, d’avoir été regretté. »
Stéphanie Thomas est donc partie à la rencontre de 10 femmes, aux parcours différents, qui ont osé lui confier leurs regrets concernant leur maternité. Un point commun les unie : leurs familles, conjoints, amis, leur avaient mis une pression insidieuse à devenir mère. Stéphanie Thomas précise :
« Ce n’est pas seulement l’entourage, mais toute la société. Il y a un poids phénoménal mis sur les femmes car elles ont ce pouvoir immense de pouvoir faire des enfants. »
Si toutes les femmes subissent cette pression de la société, toutes ne regrettent évidemment pas d’avoir fait un enfant. Stéphanie Thomas veut alors comprendre qui sont ces femmes qui regrettent. Elle explore toutes les pistes : hérédité, angoisse, pression sociale… Elle explique :
« Ce sont des femmes anxieuses. Elle regrettent de ne plus pouvoir faire ce qu’elles faisaient avant, de ne plus pouvoir voyager, boire des verres avec des copines. La perte de liberté, toutes les mères connaissent ça. Mais on peut pour autant bien le vivre. Ces femmes le vivent très mal. Toutes ces successions de « petits impossibles » révèlent quelque chose d’encore plus impossible : l’irréversibilité. Quand on a un enfant, on ne peut pas revenir en arrière, c’est ça qui les accable, c’est très dur pour elles. Elles n’avaient pas envisagé ce qu’était la maternité. Et pour elles, ça devient invivable. »
Stephanie Thomas a aussi pu relever que ces mères sont des femmes qui ont souvent beaucoup donné. Des femmes qui, par exemple, se sont occupées, plus jeunes, de frères et soeurs ou d’une mère défaillante.
Par ailleurs, il faut bien différencier cela du baby-blues ou de la dépression post-partum, qui peuvent se soigner avec une aide psychologique.