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Sujets à Vif - Avignon 2014 : "Tapis rouge"
Festival d'Avignon- Arts & spectacles
- 40 min 54 s
- indisponible
- tous publics
Nadia Beugré parle du dessus et du dessous. Dessous, l'Afrique. Une humanité exploitée et précarisée pour le bon fonctionnement de l'extraction des richesses du pays avec la bénédiction des gouvernements locaux. Des corps pliés, cassés pour rendre accueillant leur propre terre aux nouvelles infrastructures. Une hospitalité, à quel prix ? La chorégraphe pose la question de l'hospitalité inconditionnelle définie par Derrida et soutient l'idée qu'une hospitalité devrait exiger des règles comme des devoirs... pour éviter toutes les complicités destructrices depuis trop longtemps en marche. « Le tapis rouge auquel je pense est celui que foulent non seulement les acteurs du star système mais aussi celui que parcourent régulièrement les invités officiels et chefs d’Etat se rendant dans les différents pays d’Afrique pour y négocier de profitables contrats d’exploitation. Se prolonge ainsi une vieille coutume remontant en Occident à l’époque où seuls les personnages d’importance évoluaient sur des étoffes pourpres lors des cérémonies de la Cité. Le tapis rouge s’est imposé ainsi, du clergé antique à la star actuelle, comme cette piste sacrée isolant le puissant du sol comme pour le maintenir vierge de tout contact avec ce bas monde et ses vicissitudes. La marche aérienne du « visiteur » ne doit alors en rien sa nature à son pas, au déroulé de son mouvement mais à cette seule peau sacrée et rituelle tendue au service de sa progression. Cependant, avant même que d’être rouge, il s’agit d’un tapis qui isole, opacifie ce qu’il recouvre. Sous le tapis, il y a, concernant l’Afrique, à explorer une humanité exploitée et précarisée qui constituera, avec la bénédiction des gouvernements locaux, la main d’œuvre peu ou pas qualifiée. Celle-ci assurera les tâches dangereuses et ingrates nécessaires au fonctionnement de l’extraction des richesses du pays. Sous ce tapis, on trouve donc des corps mis à mal par des conditions de travail inhumaines : défricher les sols, les rendre accueillants aux nouvelles infrastructures, souvent dans la proximité d’éléments très nocifs en toute ignorance. Ces corps sont pliés, cassés, souvent contraints au régime de la réduction en étant confinés dans des espaces étroits et malaisés. On dénonce depuis longtemps les torts causés à la main d’œuvre d’Afrique en stigmatisant ceux qui, profitant de son hospitalité, conspirent à l’impossibilité de toute autre hospitalité future. Derrida évoquait une hospitalité inconditionnelle qui revenait à laisser entrer dans sa maison un hôte qui en prend possession, expropriant ainsi peu à peu celui qui l’avait accueilli. D’où l’idée qu’une hospitalité devrait exiger des règles comme des devoirs et toujours être limitée. Il y a donc un corps artificiellement sacré sur le tapis rouge et un autre violenté dessous. Mon idée est de ne découvrir que peu à peu au public les données de cette tension pour lui laisser le temps de prendre sa place et sa position dans un dispositif, pour qu’il ait l’initiative d’inventer sa manière d’y participer, d’y prendre part plus que d’en faire partie. Le parcours fouillera progressivement au plus profond des archives de la violence souterraine pour dérouler un tapis rouge alors à ceux du dessous, mais aussi à ceux qui seront là et feront surgir au moment du spectacle de nouvelles déconstructions des complicités qui conspirent à nos aliénations. » Nadia Beugré [[asset:free_html:135925 {"mode":"full","align":"none"}]]
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Nadia Beugré parle du dessus et du dessous. Dessous, l'Afrique. Une humanité exploitée et précarisée pour le bon fonctionnement de l'extraction des richesses du pays avec la bénédiction des gouvernements locaux. Des corps pliés, cassés pour rendre accueillant leur propre terre aux nouvelles infrastructures. Une hospitalité, à quel prix ? La chorégraphe pose la question de l'hospitalité inconditionnelle définie par Derrida et soutient l'idée qu'une hospitalité devrait exiger des règles comme des devoirs... pour éviter toutes les complicités destructrices depuis trop longtemps en marche. « Le tapis rouge auquel je pense est celui que foulent non seulement les acteurs du star système mais aussi celui que parcourent régulièrement les invités officiels et chefs d’Etat se rendant dans les différents pays d’Afrique pour y négocier de profitables contrats d’exploitation. Se prolonge ainsi une vieille coutume remontant en Occident à l’époque où seuls les personnages d’importance évoluaient sur des étoffes pourpres lors des cérémonies de la Cité. Le tapis rouge s’est imposé ainsi, du clergé antique à la star actuelle, comme cette piste sacrée isolant le puissant du sol comme pour le maintenir vierge de tout contact avec ce bas monde et ses vicissitudes. La marche aérienne du « visiteur » ne doit alors en rien sa nature à son pas, au déroulé de son mouvement mais à cette seule peau sacrée et rituelle tendue au service de sa progression. Cependant, avant même que d’être rouge, il s’agit d’un tapis qui isole, opacifie ce qu’il recouvre. Sous le tapis, il y a, concernant l’Afrique, à explorer une humanité exploitée et précarisée qui constituera, avec la bénédiction des gouvernements locaux, la main d’œuvre peu ou pas qualifiée. Celle-ci assurera les tâches dangereuses et ingrates nécessaires au fonctionnement de l’extraction des richesses du pays. Sous ce tapis, on trouve donc des corps mis à mal par des conditions de travail inhumaines : défricher les sols, les rendre accueillants aux nouvelles infrastructures, souvent dans la proximité d’éléments très nocifs en toute ignorance. Ces corps sont pliés, cassés, souvent contraints au régime de la réduction en étant confinés dans des espaces étroits et malaisés. On dénonce depuis longtemps les torts causés à la main d’œuvre d’Afrique en stigmatisant ceux qui, profitant de son hospitalité, conspirent à l’impossibilité de toute autre hospitalité future. Derrida évoquait une hospitalité inconditionnelle qui revenait à laisser entrer dans sa maison un hôte qui en prend possession, expropriant ainsi peu à peu celui qui l’avait accueilli. D’où l’idée qu’une hospitalité devrait exiger des règles comme des devoirs et toujours être limitée. Il y a donc un corps artificiellement sacré sur le tapis rouge et un autre violenté dessous. Mon idée est de ne découvrir que peu à peu au public les données de cette tension pour lui laisser le temps de prendre sa place et sa position dans un dispositif, pour qu’il ait l’initiative d’inventer sa manière d’y participer, d’y prendre part plus que d’en faire partie. Le parcours fouillera progressivement au plus profond des archives de la violence souterraine pour dérouler un tapis rouge alors à ceux du dessous, mais aussi à ceux qui seront là et feront surgir au moment du spectacle de nouvelles déconstructions des complicités qui conspirent à nos aliénations. » Nadia Beugré [[asset:free_html:135925 {"mode":"full","align":"none"}]]