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S1 E4 : L'arche de Noé, Hanna Marton
Les quatre soeurs- Documentaires histoire
- 2017
- 1 h 9 min
- Français
- avant-première
- tous publics
diffusion le 23/01/2025 à 01h10 Disponible jusqu'au 19/02/2026
Hanna a étudié à Cluj, ville de Transylvanie rebaptisée Kolozsvar lorsque les Hongrois l’ont reprise en 1940. En juin 1942, son mari fait partie des 60 000 Juifs envoyés comme chair à canon sur le front de l’Est. "Notre destin, maintenant, est scellé par les Allemands", lui affirme-t-il à son retour. Quelques mois plus tard, en mars 1944, la Wehrmacht prend Kolozsvar et emprisonne, en un temps éclair, la population juive dans un ghetto. Alors que les premiers trains sont affrétés dans la foulée, Hanna apprend par son mari qu’ils ont été inscrits sur la liste d’un transport spécial. Ce convoi de 1 684 Juifs devait échapper à une mort certaine grâce aux tractations financières menées depuis Budapest par le président du Comité de sauvetage, Rudolf Kastner, avec l’Obersturmbannführer Adolf Eichmann. Arrivés par cette "arche de Noé" au camp de Bergen-Belsen le 9 juillet 1944, Hanna, son mari et leurs compatriotes franchissent la frontière suisse en décembre de la même année. Les vivantes et les morts Comme Le dernier des injustes, Sobibor, 14 octobre 1943, 16 heures ou Le rapport Karski, Les quatre sœurs puisent leur origine dans l’enquête monumentale entreprise par Claude Lanzmann pour la réalisation de Shoah. Plus de trois décennies après la sortie de cette œuvre majeure, le cinéaste a exhumé les déchirants récits de survie de quatre rescapées, auxquelles il consacre une magnifique tétralogie. La parole limpide, le regard pénétré d’une lumineuse vivacité, Ruth Elias décrit, entre deux airs mélancoliques d’accordéon, l’instinct vital qui l’a habitée, de Theresienstadt à Auschwitz, jusqu’à la mort de son bébé affamé sur sa poitrine bandée. Assise au côté de son mari – dont la souffrance, si elle avait un visage humain, serait le sien –, la Polonaise Ada Lichtman détaille, sans ciller et en cajolant des poupées, la litanie d’horreurs qui l’a conduite à Sobibor, pourchassée par cette terrifiante pensée : "Comment allais-je mourir ?" Toute d’élégance et de résistance, cramponnée à la résolution de ne parler qu’en son nom, Paula Biren raconte sa trajectoire de "privilégiée" dans le ghetto de Lodz et la honte qui l’a longtemps muselée. Enfin, la douce Hanna Marton, veuve depuis peu, qui se réfugie dans le journal d’époque de son mari comme pour retrouver ses bras aimés, confie l’inapaisable culpabilité d’avoir été sauvée par la vénalité d’Eichmann. Par-delà leurs singularités, qui éclairent des chapitres méconnus de l’extermination des Juifs, ces quatre femmes extraordinaires renaissent ici unies dans une relation sororale tissée d’intelligence tranchante, de courage inouï, de poignantes pudeur et dignité. Au fil des mots et des silences, que Claude Lanzmann sait si bien provoquer et respecter, la caméra effleure délicatement leurs visages pour saisir une larme ou un éclair d’effroi. Le cinéma, dans son dénuement le plus pur, nous les rend alors si présentes que ces quatre sœurs à la vie à la mort continuent, longtemps après l’écran noir, à habiter nos mémoires et nos cœurs.
En savoir plusDu même programme
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diffusion le 23/01/2025 à 01h10 Disponible jusqu'au 19/02/2026
Hanna a étudié à Cluj, ville de Transylvanie rebaptisée Kolozsvar lorsque les Hongrois l’ont reprise en 1940. En juin 1942, son mari fait partie des 60 000 Juifs envoyés comme chair à canon sur le front de l’Est. "Notre destin, maintenant, est scellé par les Allemands", lui affirme-t-il à son retour. Quelques mois plus tard, en mars 1944, la Wehrmacht prend Kolozsvar et emprisonne, en un temps éclair, la population juive dans un ghetto. Alors que les premiers trains sont affrétés dans la foulée, Hanna apprend par son mari qu’ils ont été inscrits sur la liste d’un transport spécial. Ce convoi de 1 684 Juifs devait échapper à une mort certaine grâce aux tractations financières menées depuis Budapest par le président du Comité de sauvetage, Rudolf Kastner, avec l’Obersturmbannführer Adolf Eichmann. Arrivés par cette "arche de Noé" au camp de Bergen-Belsen le 9 juillet 1944, Hanna, son mari et leurs compatriotes franchissent la frontière suisse en décembre de la même année. Les vivantes et les morts Comme Le dernier des injustes, Sobibor, 14 octobre 1943, 16 heures ou Le rapport Karski, Les quatre sœurs puisent leur origine dans l’enquête monumentale entreprise par Claude Lanzmann pour la réalisation de Shoah. Plus de trois décennies après la sortie de cette œuvre majeure, le cinéaste a exhumé les déchirants récits de survie de quatre rescapées, auxquelles il consacre une magnifique tétralogie. La parole limpide, le regard pénétré d’une lumineuse vivacité, Ruth Elias décrit, entre deux airs mélancoliques d’accordéon, l’instinct vital qui l’a habitée, de Theresienstadt à Auschwitz, jusqu’à la mort de son bébé affamé sur sa poitrine bandée. Assise au côté de son mari – dont la souffrance, si elle avait un visage humain, serait le sien –, la Polonaise Ada Lichtman détaille, sans ciller et en cajolant des poupées, la litanie d’horreurs qui l’a conduite à Sobibor, pourchassée par cette terrifiante pensée : "Comment allais-je mourir ?" Toute d’élégance et de résistance, cramponnée à la résolution de ne parler qu’en son nom, Paula Biren raconte sa trajectoire de "privilégiée" dans le ghetto de Lodz et la honte qui l’a longtemps muselée. Enfin, la douce Hanna Marton, veuve depuis peu, qui se réfugie dans le journal d’époque de son mari comme pour retrouver ses bras aimés, confie l’inapaisable culpabilité d’avoir été sauvée par la vénalité d’Eichmann. Par-delà leurs singularités, qui éclairent des chapitres méconnus de l’extermination des Juifs, ces quatre femmes extraordinaires renaissent ici unies dans une relation sororale tissée d’intelligence tranchante, de courage inouï, de poignantes pudeur et dignité. Au fil des mots et des silences, que Claude Lanzmann sait si bien provoquer et respecter, la caméra effleure délicatement leurs visages pour saisir une larme ou un éclair d’effroi. Le cinéma, dans son dénuement le plus pur, nous les rend alors si présentes que ces quatre sœurs à la vie à la mort continuent, longtemps après l’écran noir, à habiter nos mémoires et nos cœurs.
Réalisé par : Claude Lanzmann
Maison de production : ARTE / Synecdoche / Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) / Fondation pour la Mémoire de la Shoah